Fêter les 30 ans d’Anou Skan, c’est célébrer le chemin : le chemin que l’on a fait pour y parvenir.
Aujourd’hui avec le recul, on pourrait imaginer ce chemin parcouru en 30 ans comme une pérégrination, un chemin d’exil, notre voie de passage vers la danse.
Brodée sur un tissu bleu profond, ou bien tracée au crayon de couleur sur une page blanche, elle est sans discontinuité ni saut brusque, et se trace sur la feuille sans avoir à lever son crayon.
— Aboutissement.
Vu de haut comme ça, ce chemin nous semble glisser avec fluidité, avec quelque sinuosité par-ci par-là, mais sans changement brusque d’orientation. Ce chemin, mis à plat, ressemblerait à un tracé géographique sur une carte, où chaque point est déterminé par sa situation dans l’ensemble, et sur lequel on se déplacerait sans mystère, d’un point à un autre, en sachant où l’on va.
— Irréalité.
Pourtant si l’on se rapproche un peu, on s’aperçoit que lorsqu’on est sur le chemin, à hauteur d’homme, le lieu où nous nous trouvons n’embrasse jamais la totalité. Comme dans la vie, ce que l’on entreprend n’est jamais assuré d’aboutir. Il y a cette part d’inattendu, inhérente à l’existence, une part d’improvisation dans la danse, des points d’appuis quand on en trouve, une part de confiance, ou de folie.
— Expérience.
Alors, il y a nécessité de s’ancrer dans un lieu et d’installer des rituels de pratique. Et l’on s’aperçoit que depuis 30 ans, ce chemin c’est surtout celui que l’on fait tous les jours pour venir au studio, retrouver ce lieu habité, espace vivant de nos créations et de nos transmissions. Un chemin de rencontres multiples, avec des publics divers, de 4 à 90 ans. Des nouvelles personnes qui nous rejoignent chaque année, d’autres qui s’éloignent, mais certaines qui sont là, à nos côtés depuis le commencement.
— Amitiés. Gratitude.
Et ce quartier des « pentes » dans lequel se niche le Studio, d’où tout est parti, où tout commence chaque jour, un quartier ancien mais tellement vivant, au coeur de la ville, jamais à court d’idées, qui n’a pas perdu ses racines contestataires et continue d’être aux avant-postes en solidarité avec les causes d’aujourd’hui.
— Solidarité.
Et puis, c’est surtout le chemin que l’on aime, celui qui part du corps, qui le traverse et le transcende. C’est le chemin du mouvement, de la danse, et de l’immobile aussi. Le corps où tout commence, s’initie, s’incarne, résonne et se déploie.
— Passion.
C’est le chemin en 30 mots : danse, mouvement, chant, silence, beauté, lumière, technique, passage, expérience, pratique, inattendu, appuis, corps, lenteur, immobilité, espace, surprise, trac, souffle, parole, philosophie, poésie, tournoiement, méditation, gestuelle, sensible, musique, chemin, Anou et Skan.
Laurent Soubise & Sophie Tabakov
Juin 2023
PROGRAMME des 30 ans
— Portes-ouvertes hors les murs au Petit Odéon de Fourvière
Porte-ouvertes aux publics en partenariat avec Lugdunum Musée & Théâtres romains
– Samedi 9 septembre, de 10h à 12h : Atelier de danses grecques
– Samedi 23 septembre, de 10h à 12h : Atelier de Mouvement sensoriel et initiation à la danse du tournoiement ; accompagné par Mohamed M’ Sahel, percussions méditerranéennes (groupe Nouiba, Opéra Underground)
— Journées du Patrimoine au Clos Saint-Benoît : Dimanche 17 septembre 16h & 17h
« Tournoiement Nomade » par Laurent Soubise & Sophie Tabakov
La Cie Anou Skan donne à contempler une performance de tournoiement, dont on connaît la beauté grâce au rituel du Sama’a des derviches tourneurs, inscrit au patrimoine culturel immatériel
de l’humanité. Magnifier l’écrin du Clos Saint-Benoît par la fragilité de la danse qui transcende les sensations jusqu’au vertige et se déploie comme une toile mouvante à la subtile puissance de l’alto.
Danse : Laurent Soubise & Sophie Tabakov
Musique : Lénäelle Planat (CNSM de Lyon)
Production : Cie Anou Skan
— Lancement des 30 ans, dans la Cour d’honneur de l’Hôtel de ville de Lyon
– Samedi 30 septembre de 18h à 20h
Performance de tournoiement de La Tribu Éphémère, avec la participation de la mezzo-soprano sud-africaine Thandiswa Mpongwana, soliste du Lyon Opéra Studio
— Exposition « Voies de passage » à la Mairie du 1er
Du jeudi 9 au samedi 18 novembre
« Voies de passage » est une création inédite de la Compagnie ANOU SKAN menée depuis 2019/2020
avec le FITE-Festival International des Textiles Extra Ordinaires (Clermont-Ferrand) auprès de résident.es des Centres d’Accueil de Demandeurs d’Asile (CADA) de la Région AURA, en collaboration avec la Galerie 7 / Expositions Design Textiles (Lyon) et Forum Réfugiés.
Ces femmes et ces hommes ayant atteint l’Europe, ont été invité.es à retracer leur exil sur des feuilles de papier en s’aidant d’un atlas, pour ensuite le reporter en le brodant sur une toile de laine bleue.
Ce sont ajoutés ensuite des signes de la tradition amérindienne exprimant l’intime, les émotions
comme la peur, la joie, ou les espoirs.
Vécus d’Est en Ouest, ces itinéraires, pour la plupart sont tracés de droite à gauche sur le tissu ; d’autres progressent vers le haut, retraçant un exil du Sud vers le Nord.
Coproductions
Ville de Clermont-Ferrand, Musée Bargoin, Clermont Auvergne Métropole, Association HS_Projets.
— Soirée festive de Clôture Studio La Boca Villeurbanne
Vendredi 20 octobre
Performance de la Tribu Éphémère du Tournoiement & Chant choral dirigé par Stéphane Lovato : Extrait de « Atlas », pièce musicale contemporaine de Meredith Monk
Interlude dansé de Laurent et Amalia Soubise, introduisant la pièce « EXPIRE » d’Amalia Soubise (création pour 5 danseurs et 2 musiciens du CNSMD de Lyon)
L’ensemble des Dafs – Percussion Persane
Projection du film « 30 saisons de la Cie Anou Skan » de Didier Dematons (50 mn)